J'arrive enfin chez moi, Aelita dormant dans mes bras, épuisée de ce qu'il s'était passé à Mortifia, j'avais marché toute la nuit et le début de journée. Je n'avais plus la force de continuer à marcher car j'avais porté Aelita tout le long, mettant à rude épreuve mes muscles.
J'arrive devant la porte de chez moi, j'insère la clé, *clac* j'ouvre la porte et entre dans mon appartement. C'est mieux que les égouts, mais moins bien que la maison d'Aelita, sa demeure était au moins 10 fois plus grade que ça.

Je ferme la porte en évitant de la claquer, je cloitre la maison même, tout est fermé à double tour, les rideaux sont baissés. Je vais dans ma chambre et dépose dans la plus grande délicatesse Aelita sur le lit. Mon lit est peut-être moins grand mais il a presque le même confort que celui qu'elle avait. Je la recouvre d'un drap fin, il fait frais dans la maison, je n'y suis pas venu depuis 1 mois déjà.
Elle n'allait pas tarder à se réveiller, cela faisait longtemps qu'elle dormait, et pour essayer de lui redonner un peu de bonheur après ce qu'il s'était passé, je partis de la chambre pour lui préparer un petit déjeuner. Je part voir le troqueur du coin pour avoir un peu de pain, de confiture, de l'eau mais aussi une marchandise des Ange, du lait. Ça coûte un bras, mais pour Aelita je ferais quelques sacrifices. Je retourne dans l'appartement, je prépare un plateau avec quelques tartines et du lait. J'ai une chaise à côté de lit sur laquelle je dépose le plateau, puis je pars dans ma salle de bain pour me changer et prendre une bonne douche. J'avais du sable dans les vêtements, dans les cheveux, dans les chaussure.

Je me regarde dans le miroir et me prononce.

J'espère que les autres ne tarderons pas à rentrer à Mortifia. Et j'espère qu'Aelita se sent mieux.

Je me déshabille et me place sous la douche, l'eau ruisselle sur mon corps, la fraicheur de cette eau me fait un bien fou, je me sens renaître. Le sable se détache et se fait éliminer, je compte profiter un peu de cette douche, cela fait plus de 3 semaines que j'en avais pas eu, depuis cette escapade chez Aelita. Quand je repense à ce qu'il s'y est passé durant toute une nuit et aussi au petit matin, je me demande si se temps là reviendra un jour.

Je reste sous la douche un long moment, ne sachant pas si Aelita s'était réveillée ni comment elle allait. Je sais qu'elle se sentait mieux grâce à ma présence à ses côtés, si jamais elle avait besoin de cette présence, elle me rejoindrait ou m'appellerait.

J'ouvre lentement les yeux après le départ de Theodor sous la douche. Je me replie en position de chien de fusil, le corps tremblant, le cœur battu, la douleur se propageant dans mon comme une trainée de poudre. Je ne sais pas comment supporter cette atroce douleur et ses flashs qui se ruent sur moi, sans cesse, incessamment, sans jamais me laisser un temps de répit. Profitant de l'absence de Theodor, je m’effondre en larmes, hurlant dans mon oreiller, criant ma rage et ma détresse. Je pleure durant de longues minutes et j'ai l'impression que la folie me gagne.

Je me lève du lit, titubant de droite à gauche, cherchant un moyen pour soulager ma si forte peine. J'ai perdu toute ma famille, tous mes repères, j'ai vu ma sœur mourir. Comment pourrais-je supporter tout ça ? Comment pourrais-je m'en remettre ? Comment pourrais-je avancer ? Je ne peux pas, je n'y arrive pas.

Je erre jusqu'à la cuisine et je tremble de tout mon être. Les larmes ruisselant sur mes joues, j'entends encore le bruit de la douche de Theodor. Je m'empare alors d'un couteau bien aiguisé et je le tiens fermement entre mes mains tremblantes. Je retourne sur le lit et je me dresse devant la fenêtre. Je toise mon reflet dans le miroir et je pleure, encore et encore, jusqu'à parfois, ne plus pouvoir en respirer.

Je pose brusquement le couteau sur ma main droite et j'entaille violemment mon poignet. Puis, j'entaille également l'autre et je pleure, fondant, me brisant, me disloquant et cherchant à tout prix un moyen pour faire cesser cette douleur. Je suis à cours d'idées, alors que ces flashs m'aveuglent. Ce sang au sol, la mort injuste de ma sœur. Je m'allonge sur le lit, alors que mes veines pleurent, elles aussi.

Je t'aime Theodor, je murmure.

Je ferme les yeux, attendant ma sentence, ce moment où je serais enfin libérée de ma peine.

©Aelita 2016

Après cette douche qui ma fais un grand bien, je me dépêche de me rhabiller et de retourner auprès d'Aelita. Je n'arrive plus à me passer d'elle, ma peau contre la sienne nous procurent un soulagement à tous les deux, je le sais, on en soupir à chaque fois, et on n'arrête plus de caresser la peau de l'autre. Comme une habitude que l'on ne veut pas perdre.

Je retourne dans la chambre et vois Aelita allongée sur le lit, du sang au sol, sur le lit, sur ses mains, elle s'était ouverte volontairement, je voyais le couteau. J'attrape le couteau rapidement, le jetant dans la cuisine et j'attrape rapidement de quoi bloquer le saignement. J'applique les chiffons que j'avais avec un peu de désinfectant sur les coupures qu'avait fait Aelita et lui demande.

Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi !? Je ne veux pas te perdre, je t'aime trop, ma vie en serait anéantie. Je comprend ton chagrin, j'ai aussi perdu des personnes que j'aimais, mais je n'en parle jamais.

J'attrape les bandages et un tissus absorbant que j'applique sur ses coupures. Une fois ma tache terminée je me couche auprès d'elle, ignorant le sang sur le lit, la prenant dans mes bras, et étant proche des larmes.

Ne fais pas ça, s'il te plait, ne refait jamais ça !, je murmure. Je t'aime... je t'aime tu le comprend, je t'aime et je veux pas te perdre.

Je l'entendais essayer d'expliquer son geste, mais elle pleurais tellement qu'elle n'arrivait pas à s'exprimer, j'en avais les larmes aux yeux. Je comprenais sa souffrance, je l'ai vécu de nombreuses fois.

Je le regarde difficilement. J'ai perdu quelques litres de sang, ce qui me donne la vague impression d'être ailleurs, mais pas suffisamment pour mourir. Je ravale péniblement mes larmes et je pose ma main ensanglanté sur la joue de Theodor.

Je... je ne peux pas... Supporter la dou...leur.

J'enfouis mon visage contre son torse et je déverse un torrent de larmes difficilement contrôlable. Je finis par poser mon front contre le sien et je le regarde droit dans les yeux. Il ne me veut pas me perdre et bien que je n'ai pas envie de le faire souffrir, je lutte si durement contre la douleur. Je pousse un long soupir et j'enroule mes bras autour de son cou.

D'accord, je murmure. Promis, je... Je ne recommencerai plus.

Je reste blottie contre lui, son corps compressant le mien, compressant ma poitrine, compressant ma douleur. Je sèche mes larmes d'un revers de ma main et je lutte contre mes démons intérieurs. Il y a encore une personne qui a besoin de moi sur cette terre.

Nous restons blottie l'un contre l'autre durant de longues heures, ne comptant ni les minutes, ni les heures. Nous restons silencieux, confessant nos âmes avec douleur et difficultés. J'ai tout perdu, mais je l'ai encore lui, je l'ai, me suppliant de ne pas l'abandonner malgré ma douleur. Je le serre contre moi, parce qu'il est tout ce qui me reste, tout ce qui me rattache à ce maudit monde.

Je le rassure tant bien que mal car à sa place, je n'oserais même pas le laisser s'éclipser une seule seconde. Je dépose un baiser sur son  front, sur ses cheveux.

Tout va bien, dis-je d'un murmure étranglé. Je reste avec toi, jusqu'à la fin.

Jusqu'à ce que les anges me trouvent et me tuent de leurs propres mains, car c'est ce qu'ils feront, un jour. Hans me voudra morte pour s'assurer que jamais je ne reprenne le contrôle de Terra.

Je t'aime, je souffle. Je t'aime tellement, Theodor.

Je ferme les yeux, attiré par la fatigue et les ténèbres de mon cœur.

©Aelita 2016

Elle essayait de me faire croire que tout allait bien, mais j'avais trop de mal à y croire, ça n'allait pas du tout au contraire. Le problème va être de lui faire changer ses pensés, je ne peux pas la forcer à faire comme si rien ne s'était passé, mais je ne devrais pas lui en reparler pour éviter qu'elle n'y pense en permanence.
Elle reste contre moi un long moment, je caresse ses cheveux, son dos, essayant tant bien que mal de la réconforter. Elle est si jeune et si fragile, je suis devenu son amant mais aussi son protecteur. Je vais devoir al protéger au péril de ma vie.

Elle avait perdu tellement de sang qu'elle fini par s'endormir de fatigue contre moi, je la transporte dans la salle de bain et l'assois sur une chaise, j'attrape un gant humidifié et lui nettoie ses mains et ses bras. Une fois terminé je la ramène sur le lit, je retire les draps pour en mettre des à peu prêt propre, et j'allonge Aelita dessus.

Aelita, dis-je d'un murmure très léger.

J'attrape des vêtements propre et je me change à nouveau, je nettoie le sang qui avait séché au sol, pendant qu'Aelita dort, j'attrape des bandages propres et de quoi désinfecter ses bras, j'enlève l'ancien bandage que je laisse sous son bras au cas ou cela se remettrait à saigner. Le produit de Thaor semble avoir encore quelques effets depuis tout ce temps, sa blessure ne saigne plus, et a déjà commencé à se réparer, mais à cette allure elle va devoir attendre une bonne semaine.

Je désinfecte et met le bandage propre, je jette ensuite l'ancien puis retourne auprès d'Aelita, je la serre contre moi, je passe mes jambes entre les siennes et ressert mon étreinte sur elle. Je ne veux pas la perdre, et elle ne veut surement pas me perdre non plus, elle est déjà affectée par plusieurs pertes, si elle venait à me perdre, je pense qu'elle referait la même bêtise et cette fois, personne ne pourrait l'empêcher.
Je laisse un baiser sur son front et murmure :

Je t'aime moi aussi, plus que tu ne peux l'imaginer et c'est pour ça que je ferais tout pour te garder.

Je veille, impossible de dormir avec cette peur continu, la peur de perdre la personne que vous aimez, mon cœur bat des record de vitesse, au point que je ne ressent plus celui d'Aelita à cause du mien.
Il va me falloir la transformer en une vrai bannie, qu'elle puisse se fondre dans la masse sans être reconnue par un Ange ou un Banni qui connaîtrait la réputation de son père. Mais surtout les Anges, j'espère que les autres ont enfin réussis à arriver à Mortifia. Rey sait où j'habite, elle passera surement nous rendre une visite, mais quand je vois l'état d'Aelita, elle risque de se poser des questions.

A mon réveil, la douleur qui se propage dans mes poignets et mes mains est atroce. Je grimace, luttant contre mes cauchemars pour oser me réveiller. Mes yeux s'ouvrent sur le plafond de la chambre et j'ai tellement chaud que je crois mourir étouffer.

Je me redresse d'un bond et je pose les yeux sur Theodor, qui au vu des ses cernes, n'a certainement pas dormi de la nuit. Je fais la moue et je dépose un baiser sur ses lèvres. Je m'extirpe du lit sans un mot, titubant de droite à gauche. Bien que mon sang ait été nettoyé au sol, l'odeur imprègne encore la pièce. Je vais à la salle de bain et j'observe ce visage si blanc que j'aborde. Je ne peux pas me laisser dépérir encore des jours au risque de mourir de faim, peut-être de tristesse. Mon esprit ne peut pas supporter toutes ces émotions violentes d'un coup.

Je m'asperge le visage et je me décrasse rapidement dans la douche. J'enlève toute trace de Terra sur mon corps, toute trace de ce que je suis, ce que j'ai été. Si je ne veux pas m'écrouler, si je ne veux pas abandonner la seule personne qui me reste, je dois me ressaisir. Je sors de la douche en m'enroulant dans une serviette toute chaude et je vais jusqu'à la chambre.

Est-ce que tu aurais des vêtements, pour moi ? Je ne veux plus porter ceux de Terra, brûle-les, s'il te plaît.

Je ne veux plus les voir, plus les sentir. Je m’assoie sur une chaise, attendant sagement les vêtements que Theodor pourrait me proposer. Je reste longuement enroulée dans ma serviette, à regarder à travers la fenêtre, à penser à un tas de choses et en essayant d'oublier tous mes souvenirs. Il me faudra du temps, beaucoup de temps et certainement des années de bonheur pour oublier. Seulement, une fois remise sur pieds, je compte prendre ma vengeance. Ce qui doit aujourd'hui compter, c'est nous, Theodor et moi.

Et c'est la mort de Hans.

©Aelita 2016

Je me lève du lit, et ouvre mes bras, Aelita ne perd pas un instant et se jette dedans, elle a besoin d'une très grande attention, ses cheveux encore humides me mouillent un peu mais cela ne me dérange pas.

Voyons ce que je peux te donner... hmm

Aelita me suis dans la salle de bain, je fouille dans mes affaires et attrape des t-shirts, pantalons et des sous-vêtements. Je retourne dans la chambre, elle continuait à me suivre, elle semblait ne plus vouloir s'éloigner de moi.
Je dépose les vêtements sur le lit comme si c'était un présentoir et je m'écarte sur le côté.

J'ai pas de haut féminin pour toi, et pour les bas ça sera les miens, j'espère que ça ne te gêne pas.

Je m'assois sur la chaise et la laisse choisir.

Je souris difficilement à Theodor, parce que sourire va devenir difficile tous les jours, mais je me dois de continuer. Je prends quelques vêtements et je les enfiles, loin de moi l'angoisse d'être nue face à mon cher et tendre. Je ne pense pas qu'il y est un centimètre de peau qu'il n'ai pas vu.

Je me tourne face à Theodor. On dirait une vraie rebelle, mais je dois avouer que la forme des vêtements me donne l'air d'un sac à patate. Je fais la moue.

Peut-être devrais-je acheter des vêtements en centre-ville... Je ne peux pas rester dans ces vêtements trois fois trop grand.

Je m'approche de Theodor et je caresse ses cheveux du revers de ma main.

Tu peux m'avancer un peu d'argent ? je lui demande timidement. Je vais chercher un travail, pour nous aider.

Je n'ai jamais travaillé dans un autre domaine que la science ou la politique, mais il y a bien quelque chose que je dois pouvoir faire, comme travailler au bar, ou je ne sais quoi. Je ne suis pas habituée à cet état de pauvreté, mais je ne peux plus être la petite princesse de Terra.

Je pousse un long soupir et je pose les yeux sur la fenêtre. Si je reste enfermée ici, si je continue de me renfermer sur moi-même, je risque de dépérir de solitude. Je me tourne à nouveau face à Theodor.

Je suis encore très fatiguée, mais j'aimerais aller m'acheter au moins de quoi avoir l'air d'une femme. Juste une heure, dehors, d'accord ?

Je sais qu'il s'inquiète pour moi, mais c'est en agissant en banni que je finirais par en devenir une. Après tout, je ne suis plus un ange aujourd'hui, mais bel et bien une réfugiée, une banni de trop.

©Aelita 2016

Aelita semblait vouloir se reprendre en main mais je la connais assez pour savoir qu'il lui faudrait encore un temps de tranquillité avant de vraiment faire ce qu'elle voulait faire.
Des vêtements moins grand pour elle, je dois avoir moyen d'emprunter ceux que Rey portait quand elle vivait à Mortifia, cela me permettrait de garde de l'argent en réserve, j'ai une bouche de plus à nourrir maintenant, mais mon salaire est suffisant pour 3 personnes.

Hmm, dans ton état, difficile de sortir, avec t'es bandages on va croire que je t'ai agressé, ou pire. Ici les gens croient difficilement comme à Terre et ils ont vite faits d'imaginer n'importe quoi. Je peux te donner les habits de Rey si tu veux, même si dans les miens je te trouve superbe.

J'essaye de lui faire garder le sourire, mais mon compliment est réel, mes vêtements lui vont bien, et ça lui donne un certain charme que j'apprécie.
Je me place face à elle, je prend ces mains et caresse leurs dos avec mes pouces.

Il se fait tard, tu as la peau si pâle, je vais te préparer un bon gros repas, tu mangera le maximum que tu veux, je t'autorise même à grignoter si tu as faim le temps que tu puisse retrouver des forces. Et surtout, si tu sens que ça ne va pas, je t'autorise à courir pour te jeter dans mes bras aussi vite que possible, dis-je d'un grand sourire.

Je garde une main dans la sienne et l'emmène dans la cuisine pour lui préparer de quoi manger. Je tire la chaise et l'invite à s'assoir.

Je souris timidement à Theodor et je hoche la tête en guise d'approbation. Je suis son mouvement et j'observe la cuisine et ses environs. Il va me falloir me familiariser avec cet endroit, coute que coute, car il en va de ma sécurité et de mon avenir. Je m'avance vers la cuisinière.

Je vais t'aider à cuisiner, dis-je d'un sourire. Je cuisinais souvent, pour mes parents.

Je chasse ces souvenirs tant bien que mal car ils sont pour le moment insupportables, mais je suppose qu'avec le temps, je n'en garderais que les bons souvenirs. J'attrape des aliments de bases, comme des pâtes et quelques fruits pour réaliser une sauce fruité. Je m'active, sous le regard avisé de Theodor.

Je pourrais m'habituer à cette vie, je soupire. Je voudrais travailler, rendre service et améliorer notre quotidien. Seulement, je ne dispose pas de capacités dont Mortifia pourrait se servir. Peut-être que Gérald peut m'aider à trouver un poste de serveuse, qu'en penses-tu ?

Même si j'imagine difficilement Theodor me laisser servir les ingrats de Mortifia. Je suis encore trop prude et trop douce pour pouvoir être de taille face à des hommes lourds et pervers.

Je continue ma cuisine, chauffant les pâtes puis réalisant la sauce avec un fond de crème. J'invite Theodor à s'asseoir et je lui sers ce plat, lourd en calorie, chaud et réchauffant l'estomac et les cœurs. Nous nous asseyons l'un en face de l'autre.

Demain, tu dois travailler, non ? Je pourrais parcourir les rues de Mortifia demain matin, pour trouver du travail. Je ne vais pas rester enfermée ici durant des jours, je risque de devenir folle.

Même si j'imagine qu'il lui est difficilement envisageable de me laisser seule.

©Aelita 2016