Une route parsemée d'embuches [ft. Aelita, Thaor et Gérald]

[Frejalla Heres]

Une route parsemée d'embuches. FT. Theodor, Thaor & Gérald

Je me sens comme si je partais, comme si mon cœur faisait des folies. Tantôt je me sens brûlée vive, tantôt c'est un glacier qui s'empare de moi. Que me fait-on ? Suis-je en train de mourir ? Suis-je utilisée comme expérience ? Je ne comprends plus rien, je ne sais plus rien. Mon corps est un chantier, dévasté par une tornade s'approchant à grands pas. Lorsque je sens une quantité inconnue de liquide pénétrant mon corps, je sens que tout mon corps répond à l'appel du liquide. Je me sens comme prise de convulsion mais ce n'est qu'à l'intérieur de mon être. En apparence, je dois être aussi sage et disciplinée qu'un cadavre. Au fin fond de mon âme, c'est un tourbillon qui me met sans-dessus, dessous. Quel étais mon nom, déjà ? Je me sens prise entre un bucher me dévorant l'âme et entre un glacier à perte de vue. Nulle mort ne me donne guère envie d'y céder, mais mon cœur semble hésiter entre toutes ces possibilités. Je ne comprends pas ce mélange de vision qui se chamboule dans mon esprit, mêlant réalité, imagination, passé et sombre avenir. Je suis un ange, un ange dont le corps bouillonne de génétique modifiée, pour une raison qui m'est totalement inconnue. J'ai un vague souvenir de ma mère, prenant des prises de sangs à des centaines d'enfants, dont moi. Ce sang allait et venait, se mélangeant, s'unifiant ou se rejetant. Ce sang que ma mère a cultivé discrètement aux yeux de tous et dont elle a réalisé plusieurs mélanges m'a été injecté. Aujourd'hui, je m'en souviens. J'ouvre brusquement les yeux et je rempli mes poumons d'air. Je me redresse violemment, ne sachant plus ni où je suis, ni pourquoi j'y suis. J'aperçois Theodor, Thaor ainsi que Gérald. Je les toises les uns après les autres mais ce qui m'intéresse d'avantage, bien au-delà de la bonne santé de Theodor, c'est le regard de Thaor. J'adresse un bref regard vers la fiole sur le côté et je pose les yeux sur mon corps, guérie de toute blessure. Je dois vous parler, dis-je au scientifique. Si ce que j'ai vu dans mon sommeil est vrai, si les secrets qui se cachent dans ma mémoire perdue sont plus importants que je ne le crois, j'ai peut-être une vague idée de ce que les anges préparent. Avant cette discussion, je dois tout d'abord m'assurer que je suis bien dans la réalité. Je m’assoie en tailleur sur la table et je caresse la joue de Theodor du bout de mes doigts. Je t'ai vu, je murmure. Dans mes rêves et dans les coins les plus sombres de mon esprit. Parce qu'il représente une lueur d'espoir dans ma vie mais parce qu'il peut être également la chose la plus néfaste qui soit. Je comprends pourquoi les anges ont banni les émotions, je le comprends terriblement aujourd'hui. C'est la passion qui nous rend fou, ivre de plaisir et de liberté. C'est l'amour qui nous pousse à être déraisonnable. Je me lève de la table et mon corps semble se remettre de lui-même. J'avance tel un cadavre ressuscité de les enfers les plus lointains. Je pose les yeux sur Gérald. Vous me semblez aller mieux vous aussi, dis-je à Gérald. Les batailles, ce n'est pas votre truc on dirait. Je lui adresse un demi-sourire et je me tourne face à mes deux acolytes.

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